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Qui donc doit mourir? Éthique et voitures sans conducteur

Science | Affiché 764 fois | Publié le vendredi 26 octobre 2018 à 12:36


Dans un futur près de chez vous, quel choix devra être fait si une automobile autonome risque de frapper un piéton engagé sur la chaussée? On sauve en priorité le piéton ou le passager du véhicule?

Dans le mode de conduite de nos véhicules actuels, c’est à dire par un humain, ce sont nos réflexes de survie animaux qui agissent en premier, et qui protègent le piéton, oui, mais surtout le conducteur. Ces réflexes de survie expliquent probablement, par exemple, le taux de mortalité du passager avant plus élevé que celui du conducteur dans les accidents de la route.

(NB : ces mêmes réflexes expliquent aussi certainement pourquoi les conducteurs, au coin d’une intersection avec un sens unique, ne pensent souvent qu’à regarder les véhicules qui viennent vers eux, mais pas les piétons qui, eux, vont dans l’autre direction attendu qu’ils n’ont pas, eux les piétons, de sens unique à respecter. Par exemple, coin Victor-Révillon et de la Couronne, ou coin Ste-Hélène et Dorchester. A bon entendeur…!)

Une fascinante étude signalée récemment dans Nature fait le point sur les choix qui devront être fait dans la programmation des véhicules du futur. Les choix moraux ne sont pas universels. L’enquête cartographie les variations éthiques mondiales touchant la programmation de véhicules autonomes.

L’étude publiée dans Nature découle d’un sondage touchant plus de 2 millions de personnes à travers le monde. L’enquête proposait 13 scénarios dans lesquels la mort de quelqu'un était inévitable. Les répondants devaient choisir qui épargner dans des situations impliquant une combinaison de variables: jeune ou vieux, riche ou pauvre, plus de personnes ou moins.

Pour les auteurs toutefois, il s’agit pas tant de réflexes que de décisions morales subtiles que les conducteurs prennent chaque jour. On peut au moins supposer qu’un peu des deux éléments s’y trouve à des degrés divers.

Certaines variables sont universelles : la plupart des sondés souhaitaient épargner les humains plutôt que les animaux de compagnie, et les groupes de personnes sur les individus. Mais l'unanimité s’arrête là. Lorsqu’on analyse les réponses de personnes de 130 pays comptant au moins 100 répondants, on s’aperçoit que les pays peuvent être divisés en trois grands groupes.

-          L'Amérique du Nord et plusieurs pays européens où le christianisme a toujours été la religion dominante

-          Un groupe incluant des pays tels que le Japon, l'Indonésie et le Pakistan, dotés de fortes traditions confucéennes ou islamiques.

-          Un troisième groupe comprend l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, ainsi que la France et les anciennes colonies françaises.

 

Pour en savoir plus :

La nouvelle : https://www.nature.com/articles/d41586-018-07135-0 (accès réservé INRS)

L'article scientifique: Awad E, Dsouza S, Kim R, Schulz J, Henrich J, Shariff A, Bonnefon J-F, Rahwan I (2018) The Moral Machine experiment. Nature doi: 10.1038/s41586-018-0637-6. (accès réservé INRS)

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