Plusieurs professeurs et chercheurs seniors ont récemment reçus une invitation d'un magazine intitulé "International Innovation" publié en Grande-Bretagne par une société nommée Research Media Inc. En général, le courriel semble très personnalisé et sérieux: Dear Dr. Untel, I was hoping to talk with you at some point next week regarding your research into [insérer ici le titre d'un de vos projet ou article]... et papati et patata avec une longue liste de noms d'organismes prestigieux insérés dans le texte.
Or il ne s'agit pas ici de publier un article scientifique (donc ils ne peuvent être classés parmi les éditeurs prédateurs du libre accès) mais bien un texte de vulgarisation sur un de vos projets. Selon leurs propres termes, "International Innovation is a publication [...] distributed to over 30000 stakeholders at every level in the government, policy, research and industry/private sector." Évidemment, le chiffre est non vérifiable.
Est-ce une entreprise sérieuse? Hélas, on parlerait plutôt ici de "vanity publishing". Il s'agit d'un magazine en ligne (en flash...) et/ou sur papier glacé au montage très concept, très aéré design branché, avec de cours articles et plein de logos d'institutions. Métaphoriquement, c'est un genre de Cosmopolitan de la recherche: tout dans l'image, très peu de contenu, on feuillette vaguement, on regarde les tops modèles, on prend un autre appel...
Détail curieux: selon la source consultée (papier ou en ligne), il y a deux adresses divergentes pour le siège social de la compagnie, à Bristol UK (109-111 Gloucester Rd, Bristol ou Suite 7C
Whitefriars, Bristol). Dans les deux cas, on tombe sur des secteurs urbains assez étonnants (photos ci-jointes). De plus, on ne trouve aucune mention de la compagnie ni sous forme d'affichage dans les rues, ni même sous forme de mention dans GoogleMaps. Pour une revue supposée prestigieuse en communications des sciences et technologies, ça, c'est vraiment curieux.
Jusque-là, on parle plus de flagornerie, mais basta!, tant que ça ne coûte rien... sauf que, justement, cela coûte, et pas mal même. Selon le blogue Scholarlyoa de Jeff Beall, "the spam emails are cleverly written, and they strike a friendly tone. The spams do not mention the fees (as much as $3,000) that the company charges researchers to showcase their research in the magazine." (Source: http://scholarlyoa.com/2013/10/22/be-careful-with-spam-from-research-media/ )
Comme un chercheur averti en vaut plusieurs...