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De l'usage des statistiques en matière d'agressions sexuelles

Autour de nous | Affiché 1357 fois | Publié le mercredi 25 mars 2015 à 13:42


Le sujet des agressions sexuelles sur les campus nord-américains n'a jamais été aussi ouvertement discuté que depuis quelques mois. L'Université d'Ottawa a du sévir contre son équipe de hockey, Dartmouth University a eu fort à faire avec des commentaires pathétiquement stupides et brutaux d'étudiants en médecine dentaire, l'UQAM a vu les portes de certains professeurs tapissées d'autocollants dénonciateurs et leur noms publiés, des chansons sur le viol à l'University St-Mary's ont mis la direction dans l'embarras, l'Université de Montréal a vu un graffiti dans les toilettes des hommes appeler directement au viol d'une leader étudiante, une étudiante membre de l'exécutif d'une association étudiante de l'Université Concordia s'est fait publiquement harceler (en plus de commentaires humiliants et racistes)... La liste semble quasiment sans fin!

Aux USA, le magazine TIME publiait il y a quelques mois une solide analyse des agressions sexuelles et de leurs effets très nocifs sur les campus de nos voisins du sud, déclenchant du même coup une remise en question plus qu'attendue dans ces milieux souvent trop feutrés.

Ici, pour tenter d'y voir plus clair, CBC a publié une analyse statistique des agressions sexuelles sur les campus canadiens, couvrant la période 2009 à 2013. Les données proviennent, selon le site, de 87 universités et collèges majeurs à qui ont a demandé le nombre d'agressions sexuelles rapporté dans leur institution. La réponse a de quoi surprendre...

Premier constat: Ou les journalistes de la CBC ne savent pas où se trouve le Québec, ou il y a un sérieux blocage de données de ce côté ci de l'Outaouais, car l'UQAM, l'UQTR, les HEC, l'UQAR, l'UQO et l'ÉTS ne rapportent aucune agression en 5 ans. En fait, 7 des 16 institutions qui rapportent un gros zéro bien rond sont québécoises...!! McGill et UQAT n'ont pas ces données en main ou ne les ont pas fournis car on a inscrit n/a pour eux. Seules l'UQAC, Laval, Polytechnique, Sherbrooke et Montréal ont fourni des données cohérentes avec le reste du pays. NB: Je rassure tout le monde, l'INRS ne faisait pas parti de l'enquête; on peut probablement supposer que les journalistes de la CBC ignorent que nous sommes une université ou nous avons trop de campus pour être statistiquement significatif...

Deuxième constat: Parmi les six universités qui déclarent le plus haut taux d'agressions sexuelles par tranche de 10000 étudiants pour la période 2009-2013, cinq sont dans les provinces maritimes (3 en Nouvelle-Écosse et 2 au Nouveau-Brunswick) et une en Colombie-Britannique. Et parmi ces six universités, on trouve en tête de classement, Acadia University et Mount Allison, les deux universités qui sont également première et deuxième dans le célèbre classement annuel des universités canadiennes de... Macleans (données de 2014). Hypothèse de travail: le classement de Macleans n'est vraiment pas du tout solide et ne tient pas compte d'éléments pourtant évidents. Autre fait curieux à hausser les sourcils: la sixième place de ce peu enviable classement est occupée par Trinity Western University (BC), qui se pose comme la "Canada's leading Christian University" sur son site web.

Pour consulter l'analyse de la CBC: http://www.cbc.ca/news/multimedia/interactive-campus-sexual-assault-reports-1.2944538

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A Québec, il existe une ligne téléphonique d'aide aux victimes d'agressions sexuelles: Viol Secours (418) 522-2120, disponible 24 heures par jour, 7 jour sur 7.

 

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