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Pour le voyage en mer : 4 millimètres carrés de pur bonheur

Au 490 | Affiché 891 fois | Publié le jeudi 28 mai 2015 à 12:24


Dans la production de données scientifiques destinées après analyse à former la matière première des thèses, mémoires et articles scientifiques, il y a aussi (parfois) des moments lumineux, où la beauté de la nature se mélange aux sueurs lourdes de la connaissance pour donner de petits bijoux. Dans le cas d’Audrey Moffett, ce sont les ovocytes d’anguilles. Quoique, pas tout à fait…

D’abord un estuaire avec des bottes de pêche et même pas de mouche, ensuite un stage en France dans le cadre du doctorat, ce qui n’est déjà pas si mal, mais pas n’importe où, non, dans un labo du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, comme dans les bandes dessinées d’Adèle Blanc-sec, ensuite l’usage d’un appareil couteux que le PHIC, un autre laboratoire de là-bas, lui offre d’utiliser, ensuite un peu de sueur (quand même…) et puis ce 4 mm carré de pur bonheur! Et finalement la chance, le flair artistique, le bon réflexe... Résultat : quelques semaines plus tard, notre Audrey est en nomination parmi les finalistes du 6e concours « La preuve par l’image » de l’ACFAS avec le support actif de Radio-Canada.

Lors du vernissage officiel des images finalistes à la Galerie d'art Léonard-Parent de Rimouski (c'était l'ACFAS) plus tôt cette semaine, elle aura même eu la chance d’être interviewée par Charles Tisseyre lui-même, un des journalistes scientifiques les plus connus au Québec. (Pour ceux qui ignorent qui est Charles Tisseyre, disons que, au Québec, il est à la vulgarisation scientifique ce que la sauce brune est à la poutine : on pourrait faire sans, mais ce ne serait pas pareil…)

Pour des raisons de licence, on ne peut vous montrer directement ici l'image elle-même en HD mais voici une petite description pour vous mettre en appétit…

Le titre? : « Pour le voyage en mer ». Déjà, ça sent les vacances…

Voici un réseau d’ovocytes, telles les maisons d’un quartier autour d’une artère principale. Ces cellules femelles sont en mauve, et dans une teinte plus claire, leur noyau. Les gouttelettes blanches sont des lipides. Nous sommes dans l’ovaire d’une anguille poursuivant son développement sexuel alors qu’elle migre vers son site de reproduction en mer. Une fois les ovocytes matures, ils y seront expulsés, et s’ils ont la chance d’être fécondés, ils pourront donner lieu à la prochaine génération. Les réserves de lipides sont critiques dans le développement des ovaires et la migration des anguilles vers leur lieu de reproduction. La chercheure vise à évaluer, à l’aide de ce type d’image, si les contaminants perturbent le développement des ovaires chez Anguilla anguilla et Anguilla rostrata lorsqu’elles se rendent en mer des Sargasses pour se reproduire.

 

Et puis ensuite, il ne vous reste plus qu’à aller voter

http://www.acfas.ca/prix-concours/preuve-image 

 

Aux intéressés, l’entrevue avec M Tisseyre sera bientôt disponible en ligne!

Et pour savoir pourquoi Audrey patauge aussi joyeusement et simultanément dans les eaux bourbeuses des estuaires et du doctorat, allez lire l’excellent billet de Christiane Dupont sur Planète INRS : http://www.planete.inrs.ca/webzine/eau-le-metal-le-poisson-et-anguille

Audrey est étudiante au doctorat dans l’équipe du professeur Patrice Couture. Son projet est codirigé par la directrice de recherche Sylvie Dufour de l’UMR Biologie des Organismes et Écosystèmes Aquatiques (BOREA) rattaché au Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

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