Les éditeurs prédateurs et Placido Domingo
Que penseriez-vous d'un article dont le résumé va comme suit:
The current study tests a critical prediction from inter-hemispheric social priming theory in a sample of professional politicians. We ask the question of whether one’s political preferences are manifested in the hand used while cleansing one’s posterior. We find compelling evidence from a sample of professional politicians in the UK (N=8) that this is most certainly the case. The finding is a breakthrough and has implications for organisational management and beyond (we discuss such matters at length). Experiments are now recommended to test the causal direction of our major discovery.
L'auteur, un certain Gerry Jay Louis, est affilié à l'Institute of Interdisciplinary Political and Fecal Science, England. Avec une simple adresse gmail pour le rejoindre, on peut supposer que l'institut souhaite se faire très discret.
Mieux encore, l'article, soumis le 15 juin 2018, a été accepté et publié en ligne le 2 juillet 2018, soit un grand total de 11 jours ouvrables. Une révision par les pairs
Il va sans dire qu'on est en présence d'un test d'ineptitude qu'un éditeur prédateur, Crimson Publishing, a complètement raté.
Conclusions
- Personne chez Crimson n'a jamais lu ne serait-ce que le début du texte: "All participants were well-known political figures, and included Boris Johnski, Teresa Maybe, and Placido Domingo (for a full list please contacts the corresponding author)". À moins de vivre sur la lune avec des écouteurs en béton, difficile de ne pas voir que la liste est complètement absurde, sans compter qu'identifier ouvertement dans un article les répondants à une enquête est pour le moins curieux.
- Ils ont par contre fort probablement émis une facture sur le champ. L'histoire ne dit pas si l'auteur, qui ne semble pas exister sous le nom mentionné, ne la payera jamais. Ils n'ont donc vraisemblablement même pas vérifier cet aspect...
Il va sans dire que copublier dans une revue contenant un pareil article peut s'avérer extrêmement dommageable pour votre réputation. Hélas, il y a pire! En 2017, nous avons identifié une bonne demi-douzaine d'articles comportant des auteurs du centre ETE publiés dans des revues clairement identifiés comme prédatrices... Il nous reste du chemin à faire!
Il existe plusieurs outils pour vous aider à les éviter
- La liste noire de Cabells. Le produit est jeune et incomplet mais il vaut néanmoins le détour. Prenez cependant le temps de consulter la liste Excel des éditeurs et des revues qui sont sous enquête chez Cabells (et évitez les aussi).
- Une personne anonyme a repris la défunte liste noire de Jeff Beall et l'a un peu enrichi
- ThinkCheckSubmit est un bon aide mémoire de questions à se poser pour apprendre à se méfier.
Pour en savoir plus sur les éditeurs prédateurs:
- Comment se prémunir contre les éditeurs prédateurs
- Les stratégies mutantes des éditeurs prédateurs
- Pay to publish or perish
- Dictus Publishing, Presses Académiques Francophones et Éditions Universitaires Européennes : mise en garde
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Vous voulez lire l'article au complet histoire de rigoler un bon coup?
Louis, GJ (2018) Testing Inter-hemispheric Social Priming Theory in a Sample of Professional Politicians-A Brief Report. http://crimsonpublishers.com/pprs/pdf/PPRS.000516.pdf
