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De l'eau trouvée au fond d'une mine pourrait abriter des microbes préhistoriques

Science | Mathilde Renaud | Affiché 879 fois | Publié le jeudi 16 mai 2013 à 11:22


Une équipe de scientifiques a trouvé au fond d’une mine du nord de l'Ontario des poches d’eau vieille d’au moins 1,5 milliard d’années, qui pourrait selon eux contenir des microbes préhistoriques. D’après leur étude, publiée hier dans la prestigieuse revue Nature, une telle trouvaille ravive l’espoir que de l’eau propice à la vie puisse avoir été préservée également sous la surface de Mars.

C’est par 2,4 km de fond, dans la mine de Timmins, que des chercheurs britanniques et canadiens ont découvert cette eau, restée totalement isolée du monde extérieur depuis la période du Précambrien (entre 4,5 milliards d’années et 540 millions d’années environ).

Après l’avoir analysée, ils se sont rendus compte qu’elle était riche en gaz dissous, comme l’hydrogène, le méthane et différentes formes atomiques (isotopes) de gaz rares tels l’hélium, le néon, l’argon ou le xénon. Or tous ces gaz ont le potentiel pour fournir l’énergie nécessaire à des microbes tenus à l’écart du Soleil durant des milliards d’années. C’est ce qui permet aux abords des sources d’eau chaude situées au fond des océans de grouiller d’une vie microscopique.

En comparant la teneur de cette eau en certains isotopes de xénon avec celle de l’atmosphère préhistorique, les chercheurs estiment que cette eau est piégée sous terre depuis au moins 1,5 milliard d’années. Mais d’autres indices laissent penser qu’elle pourrait être vieille de près de 2,7 milliards d’années, un âge proche des roches qui la retiennent prisonnière.

Les chercheurs ne savent pas encore si cette eau contient des formes de vies, mais la découverte est déjà d'un intérêt majeur pour les scientifiques qui cherchent à comprendre comment les microbes évoluent en isolement. Et si des fluides aussi anciens, présentant de telles concentrations en hydrogène et en méthane, sont préservés profondément sous la croûte terrestre pendant des milliards d’années, peut-être des milieux similaires ont-ils été préservés sous la surface de Mars?

Source : À la recherche de bactéries préhistoriques dans les profondeurs canadiennes, Libération, 15 mai 2013

Pour en savoir plus : Holland, G., B. Sherwood Lollar, L. Li, G. Lacrampe-Couloume, G.F. Slater, C.J. Ballentine (2013). Deep fracture fluids isolated in the crust since the Precambian era. Nature 497: 357-360. DOI: 10.1038/nature12127

Crédit photo : Bastien Fresia

 

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