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Comment le Yémen s'est mâché une sécheresse...

Science | Jean-Daniel Bourgault | Affiché 1063 fois | Publié le lundi 29 juillet 2013 à 06:33


En un peu moins de 10 ans, Sana’a, au Yémen, pourrait devenir la première capitale au monde à tomber en panne sèche... d'eau, transformant du coup ses deux millions de citoyens en réfugiés de l'eau. La cause majeure: la culture du qat, une plante légèrement narcotique qui requiert des quantités significatives d'eau pour sa culture et à laquelle la population yéménite est dépendante. 

Le qat nécessite beaucoup d'eau, beaucoup plus que le café, une autre culture très adaptée au Yémen, et sa culture augmente de 10 à 12% annuellement, selon les données du gouvernement yéménite. Or près de 40% de l'eau extraite annuellement du bassin de Sana'a va à la culture de cette plante, et la proportion est en croissance. Non seulement la culture du qat augmente, mais elle remplace d'autres cultures vitales (fruits, légumes, café) sur de grandes surfaces arables, ce qui a fait bondir les prix des denrées alimentaires.

Le manque d'eau augmente également le risque d'instabilité dans ce pays déjà aux prises avec des problèmes politiques et économiques majeurs. Le Ministère de l'Intérieur estime que les disputes liées à l'eau ou à la terre engendrent près de 4000 morts chaque année.

Les fermiers préfèrent la culture du qat parce que les récoltes sont plus rentables et son marché est stable. Chaque mètre cube d'eau utilisé pour sa culture rapporte des profits 5 fois plus élevés que le deuxième produit le plus rentable, le raisin. Et pour cause: selon l'Organisation mondiale de la santé, 90% des hommes adultes mâche du qat de 3 à 4 heures par jour...

Pour en savoir plus : http://www.foreignaffairs.com/articles/139596/adam-heffez/how-yemen-chewed-itself-dry

Photo: Avec la permission de Botanischen Garten Ruhr-Universität Bochum

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